L’empiffre contre-attaque

Grâce à la Force, je suis en mesure de vous faire cette révélation sensationnelle : la malbouffe fait grossir et rend malade. Alors là chapeau !!! Et merci Captain Obvious !!! Avant de détourner vos yeux de cet article en estimant avoir perdu trois secondes de votre vie à commencer à le lire, laissez-moi juste le temps de vous posez cette simple question : Pouvez-vous expliquer précisément pourquoi 500 calories apportées par des bonbons seraient plus nocives que 500 calories apportées par des aliments dits « naturels » ? Hum ? Ah vous voyez bien que ce n’est pas si simple ! Afin d’y répondre, je vous propose d’explorer ensemble les méandres du côté obscur de la nutrition. Texte garanti sans exhausteur de goût.

Qu’est-ce que la malbouffe ?

Avant toute chose, il convient de se mettre d’accord sur ce que l’on définit par le terme « malbouffe ». Une nourriture industrielle dont les ingrédients ne seraient pas d’origine naturelle ? La transformation d’une matière alimentaire brute ? Mouais… pas très clair tout ça.

Premièrement, la quasi-totalité des préparations industrielles sont (heureusement) élaborées à partir d’un pourcentage plus ou moins élevé d’aliments qui existent à l’état naturel. Secondement, le concentré de tomates ou le beurre sont bien des produits transformés, puisqu’ils ne sont pas trouvables sous cette forme à l’état naturel. On ne peut pas dire pour autant qu’ils soient nocifs pour le poids ou la santé.
Je propose donc la définir la malbouffe de la manière suivante : Aliments ayant subi une transformation entraînant une importante diminution de la densité nutritionnelle et industriellement conçus pour amplifier la sensation de plaisir qu’ils procurent lors de la consommation. A l’inverse, je nommerai « produit naturel » toute matière alimentaire brute. C’est-à-dire trouvable en l’état dans la nature.

Mais c’est quoi au juste, la transformation d’un aliment ?

L’impact de la transformation industrielle sur la qualité nutritionnelle des aliments

On nous le répète à longueur de temps : « Privilégiez les aliments frais aux aliments transformés et raffinés ». Mais en quoi est-ce réellement si important et qu’est-ce qu’au juste que la transformation et le raffinage ?

Un début de réponse est apporté par l’European Food Information Council (EFIC) : « […] La transformation des aliments englobe toute action transformant ou convertissant des matières végétales ou animales brutes en produits alimentaires sûrs, mangeables et plus savoureux […] ». Par exemple, les légumineuses crues sont difficilement digérables. Le trempage et la cuisson permettent donc de détruire en partie les facteurs antinutritionnels qu’ils contiennent, les rendant ainsi plus comestibles. Autre cas de figure, l’huile d’olive (produit transformé) qui est issue du broyage de l’olive (produit brut).

Dans ces cas précis, la transformation alimentaire est positive. En revanche, lorsqu’on utilise de la viande de porc pour faire du saucisson, le produit final est très éloigné nutritionnellement de sa matière première. Voici donc un second cas de transformation un peu moins probant.

Le raffinage, quant à lui, consiste à prévenir l’altération de certains aliments en supprimant ou en modifiant des nutriments réactifs et ainsi pouvoir les conserver plus facilement. Ce processus industriel est déjà plus problématique, car il provoque une perte significative de vitamines, de minéraux et de fibres alimentaires (1,2,3). On retrouve principalement dans cette catégorie le sel, le sucre ou encore les farines alimentaires. Plus un produit est raffiné, et plus sa couleur se rapproche du blanc cristallin. C’est ce qu’on appelle dans le jargon de la diététique : des « calories vides ». Inversement, plus un aliment est coloré et plus sa teneur en antioxydants est importante.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il ne faut pas faire d’amalgames, tous les produits transformés ne sont pas forcément mauvais. Le véritable tour de force de l’industrie agro-alimentaire, c’est surtout d’avoir réussi à nous imposer ses pires créations. Celles qui présentent justement le profil nutritionnel le plus faible (gâteaux, sodas, crèmes glacées, fast food…). Comment ? En frappant là ou ça fait du bien : le goût !

La théorie des « aliments récompenses »

Vous avez sûrement déjà prononcé ces mots en dégustant vos gâteaux préférés : « ils sont trop bons !!! ». Et vous aviez vu juste, ils sont TROP bons ! Ce que je veux dire par là, c’est que le sentiment de plaisir qu’ils procurent est amplifié artificiellement. Pour désigner ce type de produits, les anglo-saxons emploient le terme de « highly rewarding foods » que l’on peut approximativement traduire par « aliments récompenses ». Une fois n’est pas coutume, c’est en neurologie que l’on trouve une explication à ce phénomène étrange.

Le système de récompense, aussi appelé système hédonique, est un système fonctionnel des mammifères situé dans le cerveau. Il est indispensable à la survie, car il fournit la motivation nécessaire à la réalisation d’actions ou de comportements adaptés (recherche de nourriture, reproduction, évitement des dangers…). A l’arrivée d’un signal annonçant une récompense, l’activité d’une région particulière du cerveau, l’aire tegmentale ventrale (ATV), se trouve alors augmentée et libère un neurotransmetteur nommé dopamine, qui provoque immédiatement une sensation de bien-être.

Cette surstimulation de cette partie du cerveau n’est pas sans poser problème, car le plaisir est très addictif. C’est typiquement le cas avec les aliments récompenses qui peuvent engendrer une profonde dépendance, nous poussant à en consommer toujours plus (4,5,6,7,8). Lorsque l’on ne nourrit plus son estomac, mais son cerveau, les mécanismes biologiques de régulation de l’appétit (faim/ satiété) sont court-circuités. Il peut s’ensuivre une surconsommation chronique de calories par rapport à ses besoins réels, entraînant une prise de poids (9). Pour illustrer ces propos, voici trois exemples concrets :

  1. Le test du « y’a toujours de la place »

Imaginez-vous à table le soir de Noël. Comme le veut la tradition, vous avez mangé plus que de raison. Vous vous sentez au bord de la crise de foie et vous n’avez même plus la force d’ingurgiter le misérable bout de salade qui se morfond dans votre assiette. Quand soudain, surgit la bûche de Noël ! Rien qu’à sa vue, le désespoir vous envahit : « ça ne passera jamais, je n’en peux plus ».  Mais, à votre grande surprise, après la première bouchée un net regain d’appétit apparaît soudainement. A tel point que finalement, vous en reprenez même une seconde part. Ce dessert a provoqué une telle libération de dopamine au niveau cérébral que les mécanismes de régulation de la faim ont été perturbés.

  1. Le test comparatif

Test très simple et très instructif. Choisissez votre produit industriel préféré (gâteaux, bonbons, crème glacée…) et un produit naturel riche en graisses que vous aimez (noix, amandes, avocats…). Assurez-vous préalablement que le produit industriel en question soit moins riche en calories aux 100 grammes que le produit naturel. Ceci ne devrait pas être trop difficile, car rappelons qu’un gramme de graisse équivaut à 9 calories. Mangez, au cours d’un premier repas, autant du produit industriel que vous le souhaitez et relevez la consommation calorique occasionnée. Puis, au cours d’un second repas, répétez l’opération avec le produit naturel. Au final, il est fort probable que vous ayez consommé beaucoup plus de calories lors du premier repas que lors du second, en dépit du fait que le produit industriel présentait un profil énergétique moins élevé que le produit naturel. Tout simplement parce que ce dernier, bien que très gras, n’a pas provoqué la même sensation de plaisir. Vous en avez donc mangé moins.

  1. Le test de variété

Lorsque l’on combine aliments récompenses et variété, l’appétit semble encore être décuplé (10). C’est du moins ce que révèle l’étude suivante (11) :

Des chercheurs ont nourri des groupes de rats avec soit :

  • La nourriture traditionnelle du rat
  • La nourriture traditionnelle du rat + des crackers (biscuits secs aromatisés)
  • La nourriture traditionnelle du rat + des cookies (petits gâteaux américains)
  • La nourriture traditionnelle du rat + du chocolat
  • La nourriture traditionnelle du rat PUIS des crackers PUIS des cookies PUIS du chocolat (les produits étant amenés les uns après les autres)
  • La nourriture traditionnelle du rat + des crackers + des cookies + du chocolat (tous en même temps)

Précisons que les rats n’ont pas été forcés à manger. Ils pouvaient consommer ou non d’un produit selon leur bon vouloir.

Sept semaines plus tard, les résultats ont été les suivants :

  • L’introduction d’aliments récompenses dans l’alimentation traditionnelle du rat a provoqué une hausse spontanée de la consommation calorique.
  • Tous les rats ayant consommé des aliments récompenses ont grossi.
  • Les rats ayant eu accès à une grande variété d’aliments récompenses ont significativement plus grossi que les rats n’ayant eu accès qu’à un seul aliment récompense.
  • Les rats ayant eu accès à une grande variété d’aliments récompenses ont pratiquement triplé leur poids par rapport aux rats nourris traditionnellement.

De telles données laissent aujourd’hui à penser à de nombreux spécialistes de l’obésité que l’apparition de ces produits dans notre alimentation pourrait, à elle seule, expliquer l’épidémie d’obésité qui touche les pays industrialisés. C’est un avis que je ne partage qu’à moitié, mais il s’agit indiscutablement d’une cause majeure.

Comment décupler artificiellement la gustativité d’un produit 

Nous savons à présent que l’impact neurologique de ces produits est bel et bien réel. Mais il reste encore à déterminer par quels moyens les industriels arrivent à produire cet effet.

Une excellente façon de solliciter le circuit de la récompense est de proposer des plats contenant plusieurs des ingrédients suivants :

  • sucre (12)
  • sel (13)
  • graisses (14)
  • arômes artificiels (15)

Je tiens à souligner qu’aucun de ces ingrédients n’est, à lui seul, réellement capable de surstimuler l’appétit. Vous pouvez toujours essayer de manger du sucre en poudre à la cuillère, cela ne vous donnera pas envie d’y revenir. Idem pour le sel et les arômes artificiels. Enfin, boire un grand verre d’huile d’olive vous écœura plus qu’autre chose. En revanche, associer ces produits améliore grandement le pouvoir gustatif d’un plat.

Dans son excellent best seller « Forever Fat Loss », le préparateur physique et chercheur Ari WHITTEN utilise l’exemple d’un Milk Shake industriel. L’idée m’a semblée si convaincante, que je me permets de la réutiliser à mon tour.

De quoi avons-nous réellement besoin pour faire un Milk-shake à la fraise ? Du lait et des fraises. Etudions à présent la composition d’un Milk-shake à la fraise vendu dans une célèbre enseigne de fast food :

« Crème de lait, lait non gras, sucre, lactosérum doux, sirop de maïs à haute teneur en fructose, sirop de maïs, arômes naturels, arômes artificiels de vanille, gomme guar, mono et diglycérides, gomme de cellulose, phosphate de sodium, carraghénane, Sirop de fraise, sirop de maïs, eau, acide citrique, arômes artificiels, benzoate de sodium ».

Outre les conservateurs, que retrouve-t-on ?

  • un mélange de différents sucres : sucre, sirop de maïs, sirop de fraise…
  • des graisses : crème de lait
  • des arômes artificiels

De quoi faire grimper mamie aux rideaux !

Peut-on être accro à un produit naturel ?

Mais un aliment naturel peut-il également engendrer une consommation compulsive ? C’est moins courant, mais pas impossible.

Si votre alimentation est défaillante en un ou plusieurs nutriments ou micronutriments, il est probable que vous puissiez ressentir de véritables fringales pour une catégorie d’aliment bien spécifique. J’observe fréquemment des personnes ayant suivi un régime sans graisses se jeter littéralement sur des produits gras une fois la restriction levée. Celles ayant opté pour des régimes sans glucides peuvent ressentir de terribles pulsions pour des féculents ou des fruits. Les femmes enceintes peuvent soudainement avoir envie de produits qu’elles ne consomment pas d’habitude (fraises, poisson…). Le stress chronique provoque souvent des rages de sel, de graisses et de glucides. Bref, lorsque l’organisme a vraiment besoin de quelque chose, il sait se faire entendre !

Toutefois, si jamais ces fringales ne finissent pas par s’estomper avec le temps, il faudra suspecter un problème métabolique plus important (mauvaise assimilation des nutriments, problèmes glycémiques, dérèglement surrénalien, déficit de production de neurotransmetteurs, hypothyroïdie…).

Produits naturels Vs Malbouffe

Pour en revenir à notre interrogation de départ, 500 calories apportées par des bonbons ne produiront donc pas la même stimulation neurologique que 500 calories apportées par des aliments naturels. Mais existe-t-il d’autres différences notables ?  Il est possible d’en recenser au moins deux autres :

  1. Une différence de profil nutritionnel
  2. Une différence de réponse hormonale post-prandiale (après la digestion)

Comme expliqué en préambule, les aliments raffinés perdent une partie de leurs micronutriments (vitamines, minéraux, fibres) au cours du processus. Ce n’est pas le cas des aliments naturels qui, en dépit de l’agriculture intensive, restent supérieurs dans ce domaine à leurs homologues industriels. C’est bien pour la santé me direz-vous, mais cela impacte-t-il vraiment notre poids ? Dans une étude parue dans le journal Obesity  (16), l’administration d’un supplément multivitaminés à des personnes obèses a causé la perte moyenne de 3,2 kg de masse graisseuse et a augmenté le métabolisme de base (nombres de calories brûlées par jour au repos). C’est que qui fait dire à Stephan GUYENET, neurobiologiste, que : « De nombreux nutriments agissent de concert pour créer la santé et de multiples insuffisances peuvent contribuer à l’apparition de maladies […]. Il existe une possibilité pour que l’obésité puissent résulter de plusieurs déficiences en nutriments […]. » Ainsi, le déficit modéré ou sévère en zinc, en magnésium et en vitamine D diminue la production de testostérone chez l’homme (17,18,19). Le manque d’oméga-3 altère la sensibilité à l’insuline (20), alors que l’insuffisance d’apport en iode affecte le bon fonctionnement thyroïdien (21). L’équilibre hormonal jouant un rôle fondamental dans la composition corporelle, le moindre petit déficit en n’importe quel nutriment a donc un impact sur la perte ou la prise de graisse.

Autre différence significative entre aliments récompenses et produits naturels : la sécrétion hormonale post-prandiale (après la digestion). Lorsqu’un produit industriel raffiné est majoritairement constitué de sucres à assimilation rapide (bonbons, gâteaux, sodas, confiture…), il parvient plus difficilement à stabiliser la glycémie (taux de sucre dans le sang), et donc la satiété. C’est ce que démontre l’étude suivante (22) :

Des chercheurs ont comparé l’effet du sucre et des graisses sur la satiété. Pour ce faire, deux groupes de personnes ont reçu pour petit déjeuner soit :

  • Une boisson de 240 calories riche en graisses
  • Une boisson de 240 calories riche en sucres

Les chercheurs ont ensuite informé les participants qu’ils pourraient réclamer un second repas lorsqu’ils le souhaiteraient. Le groupe ayant consommé la boisson sucrée a, en moyenne, réclamé à manger 65 minutes plus tard. Le groupe ayant consommé la boisson riche en graisses a, en moyenne, réclamé à manger 126 minutes plus tard.

Ceci peut s’expliquer par le fait que les aliments sucrés élèvent très rapidement la glycémie (taux de sucre dans le sang), forçant le pancréas à libérer une puissante hormone : l’insuline. Cette dernière est chargée de maintenir la concentration de sucre dans le sang à un niveau respectable. Mais l’insuline ne fait pas dans la dentelle. Elle effectue si brutalement le ménage au niveau sanguin, qu’une hypoglycémie réactionnelle transitoire succède à l’hyperglycémie provoquée par la consommation de sucre. C’est pour cela que les participants du groupe 2 ont plus rapidement eu faim que ceux du groupe 1. Il faut également savoir qu’une hypoglycémie conduira instinctivement à la consommation d’aliments très sucrés afin de pallier la baisse anormale du taux de sucre dans le sang. Un cercle vicieux peut alors s’installer.

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Mais ce n’est pas tout ! A l’instar de n’importe quelle hormone, les niveaux d’insuline dans le sang ne doivent être ni trop hauts, ni trop bas. Une sur-sécrétion chronique d’insuline peut conduire au diabète de type 1 et augmente le risque de maladies cardio-vasculaires (23). En ce qui concerne un éventuel impact sur la composition corporelle, l’étude ci-dessous me semble on ne peut plus révélatrice (24) :

Des chercheurs américains ont nourri deux groupes de jeunes rats adultes pendant 32 semaines avec un apport calorique identique. Les glucides (sucres) des repas du premier groupe étaient apportés sous forme d’amylopectine, un amidon à assimilation très rapide, tandis que les glucides des repas du second groupe étaient apportés sous forme d’amylose, un amidon à assimilation plus lente. A la fin de l’étude, les rats du premier groupe étaient 16% plus gros que ceux du second groupe. Leur masse graisseuse était également supérieure de 40% !

En réponse à notre question initiale, 500 calories apportées par des bonbons ne produiront définitivement pas le même effet sur l’organisme que 500 calories apportées par des produits naturels. Ceci est une donnée très importante à retenir : les calories ne font pas tout !

De l’intérêt de la malbouffe

A la lumière de ces informations, une question se pose : la malbouffe est-elle si préjudiciable pour la santé et le contrôle du poids ? Potentiellement, oui. Faut-il donc l’exclure totalement de notre alimentation ? Non.

Entendons-nous bien, je ne vais certainement pas faire l’apologie de ce type de produits. Il est indéniable que le corps humain fonctionne bien mieux lorsqu’il consomme des aliments façonnés pour lui par mère nature. Par ailleurs, les populations souffrant le plus d’obésité et de maladies métaboliques sont précisément celles dont l’alimentation est en grande partie industrielle :

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Toutefois, je ne pense pas que se montrer trop radical soit la meilleure solution, et ce pour trois raisons :

  1. Parce qu’il est trop tard pour s’en passer

A partir du moment où nous avons déjà goûté l’un de ces produits, ils laisseront une trace au niveau neurologique. Qu’on le veuille ou non, ils nous feront toujours envie. Dès lors, il n’est pas certain que la frustration permanente soit le meilleur moyen de contrôler son alimentation à long terme. Oscar Wilde ne disait-il pas : « Le seul moyen de se délivrer d’une tentation, c’est d’y céder ».

  1. Pour son rôle social évident

En toutes circonstances, nous aimons à nous retrouver autour d’un bon repas. L’alcool et certaines préparations industrielles ont un rôle social très important dans nos sociétés. Un peu trop peut-être !
Néanmoins, lorsque l’alimentation est trop stricte, elle s’oppose souvent à la sociabilité. Ceci est problématique, car le repli sur soi-même n’est jamais bon signe. La recherche d’une vie sociale épanouissante est importante, car les émotions ont un impact sur la qualité de notre existence.

  1. Pour son puissant effet anti-stress

Les personnes stressées ou déprimées sont souvent de grandes consommatrices de produits industriels. Rien de plus logique, car nous avons vu précédemment que l’organisme sait nous orienter vers certains aliments lorsqu’il a besoin de quelque chose. Or, les aliments récompenses ont peu d’équivalents lorsqu’il s’agit de se déstresser rapidement. Ils agissent principalement en boostant la production de sérotonine, un neurotransmetteur induisant la relaxation, et en diminuant la sécrétion d’adrénaline. Ils peuvent donc s’avérer fort utiles pour calmer une crise de stress intense. Les dégâts provoqués par une concentration élevée d’hormones du stress dans le sang étant peut être encore pires que ceux occasionnés par une mauvaise alimentation.

Retenez toutefois qu’un état émotionnel perturbé peut influencer inconsciemment nos choix alimentaires. Lucide à ce sujet, le célèbre médecin-nutritionniste David O’Hare entame systématiquement ses consultations par la question suivante : « Pourquoi êtes-vous plus mince lorsque vous êtes amoureux(se) ? ».

Comment vivre avec son temps ?

Puisque la malbouffe fait désormais partie de notre patrimoine culinaire, comment en profiter sans trop affecter sa santé ou son poids ? Vous avez vu venir la réponse à des kilomètres : en limitant sa consommation. Reste à s’entendre sur ce qui est raisonnable ou non. Hélas, j’ai bien d’être aussi rabat-joie que mes confrères à ce sujet.

Je ne peux que conseiller de consommer 90% du temps des produits naturels bruts

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Tout simplement parce que c’est sous cette forme que l’alimentation humaine présente le meilleur profil nutritionnel possible. Son rapport calories/nutriments est optimal, sa teneur en fibres est élevée, sa composition hydrique est importante, sa stimulation neurologique est modérée et son impact métabolique est sans commune mesure. Elle pourra être complétée par quelques produits transformés bien choisis comme le beurre, le vinaigre, l’huile d’olive, ou encore les produits à base de noix de coco.

Mais ce qui est réjouissant, c’est que nous pouvons tout de même nous permettre quelques écarts avec la conscience tranquille. Deux options sont possibles :

  1. Accorder une toute petite part journalière à la malbouffe
  2. En consommer à volonté au cours d’un repas par semaine

Ma préférence va à la seconde option, puisqu’elle permet de conjuguer vie sociale et plaisir gustatif. De surcroît, l’organisme réagit généralement bien à de très courtes périodes de surconsommation calorique. Confrontée à un afflux alimentaire inhabituel, la thyroïde augmente la thermogenèse, c’est-à-dire la production de chaleur corporelle. En d’autres termes, puisque vous avez mangé plus que d’habitude, votre organisme s’efforce de vous faire dépenser plus d’énergie qu’à l’accoutumée.

Certaines personnes ont une thermogenèse extrêmement efficace. On les reconnait facilement à ce qu’elles semblent pouvoir manger ce qu’elles veulent sans jamais prendre un gramme. Elles peuvent donc se permettre une consommation hebdomadaire d’aliments récompenses plus importante si elles le souhaitent. Attention toutefois, ce n’est pas parce que cela ne se voit pas extérieurement que cela n’impacte pas la santé. En outre, cet avantage métabolique à tendance à s’estomper passé 40 ans, à cause du ralentissement hormonal.

Mais pour tous les autres, les non-doués génétiquement, il ne faudra pas abuser de la surconsommation calorique sous peine de voir les kilos s’accumuler rapidement. Un repas par semaine ou un petit écart par jour constitue, selon moi, une fréquence raisonnable.

Je n’arrive pas à m’en passer

Malheureusement, l’emprise neurologique de ces aliments est parfois telle, que s’en débarrasser devient difficile. Rappelons qu’il n’est pas question ici  d’un manque de « volonté », mais bien d’un véritable phénomène d’accoutumance. Toutes proportions gardées, sa prise en charge présente des similitudes avec ce qui se fait en matière de désaccoutumance à l’alcool, aux drogues ou à la cigarette. Le passage en force donne rarement satisfaction. Si vous buvez 2 litres de Coca-Cola par jour, je vous déconseille de passer du jour au lendemain à l’eau plate. Des fringales de sucre et une agressivité inhabituelle risqueraient d’apparaître. Privilégiez plutôt une diminution modérée, semaine après semaine, afin de ne pas compromettre vos chances de réussite.

Un autre problème est à prendre en considération : la perte des repères gustatifs. Lorsque l’on passe d’une alimentation fortement sucrée et salée à une alimentation plus riche en fruits et légumes, tout semble fade et sans goût. Il faudra quelques semaines pour que les papilles gustatives s’adaptent à ces nouvelles sensations. Soyez patients et laissez sa chance au produit !
Enfin, assaisonnez vos plats selon vos goûts, car si votre alimentation ne vous semble pas savoureuse, vous l’abandonnerez très rapidement. En nutrition comme en toute chose, le plaisir est essentiel.

En conclusion, nous connaissons tous quelqu’un qui a vécu longtemps et en bonne santé, en dépit d’un désintérêt profond pour son hygiène de vie et son alimentation. J’entends bien cet argument, mais est-il réellement judicieux de suivre les pas de personnes qui, de toute évidence, sont naturellement au-dessus du lot ? Pour une seule personne pour qui cela n’aura pas de conséquences, nombreuses sont celles qui resteront sur le carreau.

Alors utilisez la Force comme bon vous semble, c’est le principal. Mais gardez bien en tête que flirter trop souvent avec le côté obscur vous fera facilement passer de Darth Vader à Jabba the Hutt…

Jabba-the-Hutt-220160

Références scientifiques

(1) Reddy MB, et al. The impact of food processing on the nutritional quality of vitamins and minerals. Adv Exp Med Biol. 1999;459:99-106.

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